La Journée internationale des femmes a toujours été synonyme de célébration et d’action : elle rend hommage aux réalisations des femmes tout en reconnaissant les inégalités qui persistent. Le thème des Nations Unies cette année, « Pour TOUTES les femmes et les filles : Droits. Égalité. Autonomisation », appelle à valoriser la pleine participation de toutes les femmes et de toutes les filles, à lutter contre la discrimination et l’exclusion, et à donner à la prochaine génération les moyens d’agir comme catalyseurs du changement. C’est aussi un puissant rappel que l’inclusion ne peut être sélective. Si nous ne défendons pas toutes les femmes, y compris les femmes handicapées, nous en laissons trop de côté.
Bien que nous ayons fait de grands progrès en matière d’égalité des genres au Canada, force est de constater que les femmes continuent de se heurter à des obstacles systémiques en milieu de travail, au leadership et sur le plan de la sécurité économique. Selon le Rapport mondial sur l’écart entre les sexes 2024 du Forum économique mondial, le Canada se classe au 25e rang mondial en matière de disparité salariale entre les sexes. Les rapports de Statistique Canada révèlent un écart salarial de 12 % entre les sexes chez les travailleurs rémunérés âgés de 20 à 54 ans. Pour les femmes handicapées, les obstacles vont bien au-delà des écarts salariaux.
Les femmes handicapées luttent également contre un capacitisme systémique profondément ancré qui limite l’accès à l’emploi, au leadership et à l’indépendance financière. Les statistiques montrent que 2,1 millions de Canadiennes handicapées sont limitées dans leurs activités quotidiennes en raison d’obstacles à l’accessibilité, de discrimination et d’un manque d’aménagements.
Résultat ? Trop de femmes handicapées occupent des postes qui ne correspondent pas à leurs compétences et à leur potentiel, perçoivent des salaires inférieurs et, dans certains cas, se voient refuser des entretiens d’embauche en raison de leur handicap. Et même dans les entreprises qui prétendent privilégier la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI), les pratiques d’embauche restent restrictives plutôt que valorisantes.
Nous devons nous attaquer de front à ce problème. Dans mon précédent article, j’ai évoqué la DEI sur le lieu de travail et expliqué qu’il ne s’agit pas de cocher des cases ou de recruter uniquement sur la base de l’identité ; il s’agit de garantir à toutes les personnes qualifiées un accès équitable aux opportunités. Cela implique de supprimer les obstacles systémiques à l’embauche, d’intensifier les efforts de recrutement et de garantir des aménagements pour que les femmes handicapées soient non seulement prises en compte, mais valorisées.
L’intersectionnalité du genre et du handicap présente un paysage encore plus complexe. Selon les Nations Unies, les femmes handicapées sont deux à trois fois plus susceptibles d’être victimes de violences et sont nettement sous-représentées dans les postes de décision. Elles ont également un accès limité à l’éducation, aux soins de santé et aux services sociaux. (BMC Women’s Health, 2021)
Et lorsque ces défis se croisent avec la race, l’identité autochtone, le statut LGBTQ+ ou le milieu socioéconomique, les couches de discrimination se multiplient, créant des obstacles encore plus importants à la réussite.
Malgré ces défis, les femmes en situation de handicap continuent de montrer l’exemple, de briser les barrières et de favoriser le changement. Rabia Khedr, lauréate de la Médaille du jubilé de diamant de la reine Élisabeth II et directrice nationale de Handicap sans pauvreté, membre d’une minorité racialisée et vivant avec un handicap, a consacré sa vie à défendre les droits des Canadiennes et des Canadiens en situation de handicap afin qu’ils soient entendus. La sénatrice Chantal Petitclerc, la dirigeante principale de l’accessibilité du Canada, Stephanie Cadieux, et Tracy Schmitt, membre du Temple de la renommée des personnes en situation de handicap, ne sont que quelques-unes des milliers de femmes en situation de handicap qui excellent dans leur domaine et façonnent un Canada plus inclusif.
Lorsque les femmes handicapées bénéficient d’un accès égal à l’emploi, au leadership et aux rôles décisionnels, elles ne réussissent pas seulement : elles transforment leurs communautés et leurs industries.
Mais il ne suffit pas de parler d’inclusion ; nous devons la promouvoir activement. Il est de notre responsabilité collective de dénoncer les pratiques d’embauche et les politiques en milieu de travail discriminatoires qui limitent les opportunités des femmes handicapées, de plaider pour que l’accessibilité soit une norme et non une demande particulière, et de faire entendre la voix et les réalisations des femmes handicapées, afin que TOUTES les femmes et les filles bénéficient de droits, de l’égalité et de l’autonomisation.
Chez ABLE2, nous nous engageons à mettre ces principes en pratique. Nous fonctionnons selon un modèle de travail hybride afin de permettre à notre équipe, y compris aux employées et bénévoles s’identifiant comme femmes, de maintenir un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée. Nos bureaux sont équipés de mobilier adaptable et d’installations accessibles, ainsi que d’aménagements lors du processus de recrutement, afin que chacun puisse participer et contribuer à notre mission et à notre vision.
Le handicap n’est pas une limite. Ce sont les obstacles qui le sont. À l’occasion de la Journée internationale des femmes, il est temps de cesser de demander aux femmes handicapées de s’adapter à un système qui n’a pas été conçu pour elles, et de commencer à reconstruire ce système pour qu’il soit bénéfique à tous.
La véritable inclusion commence par l’action. Comment votre entreprise ou votre communauté veille-t-elle à ce que les femmes en situation de handicap soient non seulement incluses, mais pleinement autonomes ? Quels changements, selon vous, sont encore rares ? Partagez vos réflexions dans les commentaires ci-dessous.
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Directeur exécutif expérimenté à but non lucratif